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14 juil. 2020

Time 6 minutes

Geneviève Emond et le Bota Bota, ancrés dans le Vieux

Geneviève Emond et le Bota Bota, ancrés dans le Vieux

Cette année, le Bota Bota fête ses dix ans. Après plusieurs mois de fermeture et l’annulation de bon nombre de festivités pour souligner l’événement, le spa flottant rouvre sous l’impulsion de Geneviève Émond, la directrice générale. Femme de tête et de coeur, l’entrepreneure à la tête de cet unique spa-bateau, partage son enthousiasme, ses espoirs et ses projets à l’occasion de cette réouverture.

La COVID, tempête de 2020

Quand on lui souligne la résilience du Bota Bota, ce bateau qui a vécu 3 vies très différentes sans jamais cesser d’être réinventé - ayant été tour à tour traversier et bateau théâtre puis finalement spa, sa directrice sourit. «C’est vrai que la COVID, c’est une tempête, on peut reprendre cette image. Et comme toute tempête, elle finira par se calmer.» Les plans ont bien sûr été revus, mais on sent chez Geneviève Émond une solide envie de revenir à la barre et d’ouvrir les ponts et jardins. À quelques jours de la réouverture, elle écrivait sur ses médias sociaux «Stressée comme une première date...», mais c’est un bon stress! «Je n’ai jamais été aussi inquiète que pendant la période de confinement parce qu’on ne savait rien: ni la date ni dans quelle mesure on pourrait travailler. Maintenant, on a plus de détails, il s’agit de tout mettre en place et d’avoir tout prêt pour les premiers clients, c’est définitivement un bon stress et une belle motivation» confie-t-elle, le coeur visiblement plus léger.

Comme le Bota Bota, amarrée mais pas immobile

Pour tirer profit de cette pause forcée, Geneviève et son équipe n’ont pas chômé. «On a entrepris des travaux qui nécessitent une fermeture complète des installations, on a continué de communiquer avec nos clients via nos médias sociaux et infolettres, on a vraiment voulu poursuivre au mieux notre mission de promouvoir le bien-être et un mode de vie sain», explique Geneviève. «Mais on a aussi dû mettre à pied certains employés et ça, ça a été vraiment difficile», déplore la cheffe d’entreprise. Nous avons aussi dû nous adapter avec nos massothérapeutes, car si pour eux les normes d’hygiène ont toujours été très élevées et ne sont pas un défi, on a dû revoir l’horaire et l’organisation entre les soins, tout en assurant la meilleure expérience possible pour le client.»

Conciliation famille-travail, pas sur un rythme de croisière

Côté organisation à la maison, cette maman-entrepreneure a dû aussi tenir bon la barre avec son plus jeune d’à peine quelques mois! «Je pensais pouvoir faire comme avec ma fille, mais tout a été chamboulé; plus de nounou, non plus! Mon conjoint est pilote sur le fleuve, ses horaires sont très particuliers, alors finalement, il a pu prendre quelques semaines de congé paternité et on s’est organisé autrement! C’était difficile de prévoir alors qu’on ne savait pas ce qui s’en venait.» Le temps d’échanger un peu sur la conciliation famille-travail, et comme souvent, c’est une belle occasion de constater la force de celles qui portent ce double chapeau de maman et d’entrepreneure.

Le bateau comme destination

Geneviève a le ton posé et on sent l’habitude d’un dynamisme sûr et rassurant quand elle parle de son établissement. «J’ai moi-même été tester plusieurs massages ailleurs; je voulais m’assurer d’optimiser l’expérience des gens qui viennent chez nous, explique-t-elle. D’habitude en cette saison, nous avons de 600 à 800 personnes par jour au Bota Bota, mais nous allons réduire de plus de la moitié pour pouvoir assurer la distanciation sociale. Il faudra aussi que les gens réservent leur plage horaire, même pour les bains.» Tandis qu’elle passe en revue les nouvelles mesures, on sent tout le sérieux et le dévouement qu’elle met à rendre ses clients satisfaits et à maintenir l’excellente réputation de l’établissement. «Bien sûr, on ne compte pas sur les clients étrangers cet été, mais de toute façon, on a confiance: les locaux viendront et on prendra soin de notre monde ici, car on en a tous bien besoin.»

Un équipage et des voisins en or

«Il y a une très belle entente entre les membres du Vieux-Port et du Vieux-Montréal, explique Geneviève bien contente de son quartier d’adoption pour le bateau. Nous avons tout une sélection d’offres pour nos employés entre institutions du quartier historique et on jouit d’un très bon voisinage.» Cette précision fort à propos est un beau rappel aux Gens du Vieux de vérifier auprès de leurs employeur s’ils peuvent profiter de rabais au spa. «Sinon, ils peuvent en parler à leur équipe. Nous, ce sont souvent des employés qui nous ont suggéré des partenariats et on en est ravis.» Dans le quartier, la vie continue autant que possible.

Embarquée sur la vague de solidarité dans le Vieux

À l’écoute de son monde, Geneviève est aussi très impliquée avec ses voisins. «Même si c’est une année particulière, je me trouve chanceuse. Certains se préparaient à ouvrir, nous, au moins, on est là toute l’année. On se réunit et on essaie de se soutenir. On échange aussi des conseils ou infos que nous relaient nos différentes ATS (association touristique sectorielle), notamment auprès de nos collègues qui n’ont pas d’organisation derrière eux comme Sam, à la tyrolienne.» Fort de ces bonnes relations, le spa propose ainsi des forfaits en collaborations avec des hôtels partenaires du quartier historique, comme l’Hôtel Gault, l’Intercontinental ou encore l’hôtel St-Paul afin de profiter du Vieux comme une destination vacances.

Une histoire de famille, un port d’attache

«Mon père nous a initiées très jeunes, mes soeurs et moi, aux joies du spa, se souvient Geneviève. C’était un cadeau assez commun pour nos anniversaires ou après le ski.» Quand on lui demande si cette tradition familiale devenue business de famille était chose facile, Geneviève hésite un peu, puis éclate de rire. «Disons que parfois, c’est plus facile de dire ou de se faire dire des choses comme collègues et non comme membre de la famille, je pense, mais d’un autre côté, mon père, et maintenant moi, voyons cette entreprise comme un héritage familial, donc toutes nos décisions sont faites sur du long terme.»

Le Bota Bota suit son parcours

Depuis ses premières expériences professionnelles jusqu’à la direction du spa-bateau, il semble que le parcours de Geneviève la ramène à cette recherche du bien-être. «On a toujours inclus ce mode de vie dans notre philosophie d’entreprise, c’est pour ça aussi que pour moi, même fermés, c’était important d’apporter cette dimension dans la vie de nos clients.» Les lives, les interactions sur les médias sociaux et les cours de yoga ont en effet tenu compagnie, même à distance. «Dès le lancement de l’infolettre en 2011, c’était pour nous l’occasion d’aller plus loin que juste le moment de détente sur le pont.»

Ce qu’on peut lui souhaiter pour cette dixième année et les suivantes? De quoi balayer cette tempête! Pour le reste, Geneviève et son équipe sont déjà sur le pont. «Ça va nous prendre un vaccin pour enrayer la pandémie. En attendant, on va prendre toutes les précautions et continuer de prendre soin de nos clients de notre mieux» explique dévouée, cette femme de tête et de coeur à la barre du plus relaxant bateau que compte le Vieux…

© Crédit Photos 1-2: Thibault Caron

© Crédit Photo 3: Justine Marc-Aurèle