27 oct. 2018

Time 6 minutes

CONCERT BÉNÉFICE POUR L’ACCUEIL BONNEAU, UNE AUTRE VOIX POUR L’ITINÉRANCE

CONCERT BÉNÉFICE POUR L’ACCUEIL BONNEAU, UNE AUTRE VOIX POUR L’ITINÉRANCE

À l’initiative de Jeff Moran, une palette de chanteurs et musiciens québécois ont répondu présents pour une soirée bénéfice en l’honneur de l’Accueil Bonneau : le 6 novembre au Club Soda, on vous promet le party le plus solidaire et sympa!

À l’entrée de l’hiver, les artistes - Catherine Major, Luce Duffaut, Etienne Graton, Ingrid St-Pierre entre autres, ont choisi des chansons d’ici, qui s’inscrivent dans le thème qui mobilise l’Accueil Bonneau en cette année d’anniversaire un peu particulière : “La Reconstruction”.

Le Show Pro Bonneau est une bonne façon pour l’Accueil d’amasser les fonds nécessaires à sa survie. Même après 141 ans à veiller sur les plus démunis de la communauté montréalaise et en servant aujourd’hui près de 700 repas par jour, le défi comme les besoins, restent de taille : “L’itinérance, c’est toujours être dans la rue, mais avec des problématiques associées de plus en plus sévères, avec des troubles de santé mentale, troubles de personnalité, auxquels s’ajoutent des dépendances à l’alcool, aux drogues. Les drogues sont de plus en plus dures” déplore Aubin Boudreau, directeur de l’Accueil, je ne sais pas avec quoi ils coupent ça mais ça rend les gens plus agressifs, plus paranoïaques et plus difficiles à gérer. Ça demande une capacité d’adaptation très grande pour nos intervenants et chez nos bénévoles.”

Le concert est une initiative qui lui donne du baume au coeur et, il espère, des fonds dans les caisses. Très reconnaissant pour Jeff Moran qui est venu visiter puis tourner un clip à l’Accueil, qui a donné des spectacles bénéfices au Verre Bouteille pendant un an avant de préparer ce show au Club Soda, il explique que “Jeff fait une bonne lecture des gens et de l’itinérance. Je me souviens l’avoir entendu dire une fois aux gars “ On est fragile, ça se passe des fois, ça se joue seulement sur un fil et je suis conscient de ça. On peut tous, à un moment donné, basculé d’un côté ou de l’autre.”

Regard malicieux, Aubin Boudreau trépigne déjà en attendant cette belle fête pour Bonneau, avant de glisser : “il y a une surprise, je ne peux rien dévoiler mais une invitée spéciale ne pouvait pas être sur place à préparer quelque chose vidéo pour le public!”.

Les billets sont en vente à différents tarifs directement sur le site de l’Accueil Bonneau et on peut les acheter jusqu’au jour du concert le 6 novembre : BILLETS

Une belle soirée et un beau geste en un billet!

ACCUEIL BONNEAU | SDC Vieux Montréal.

L'atelier d'art ©Accueil Bonneau

L’ART À L’ACCUEIL BONNEAU: COMMUNIQUER AVEC LES GARS ET LE PUBLIC

En plus du show bénéfice, une vente de reproductions et un encan pour les originaux s’est déroulé le 25 octobre, toujours pour l’Accueil Bonneau. S’il a pu compter sur des artistes comme Dany Laferrière ou encore Marc Séguin, parrain artistique de Bonneau, certaines oeuvres viennent des gars eux-mêmes. “Les gars qui ont voulu participer, c’est des gars qui ont du talent. Ils aiment redonner à l’Accueil Bonneau et ils n’ont pas souvent l’occasion de le faire parce qu’ils sont dans des situations de pauvreté extrême. Produire une oeuvre, c’est une façon de redonner et ça leur fait toujours très plaisir.” explique M.Boudreau.

Et il faut dire que depuis plusieurs années, musique ou peinture, l’art prend une place de plus en plus cruciale dans la démarche de l’Accueil Bonneau. Envers “leurs gars” qui n’ont pas toujours la communication facile, mais aussi vis à vis du grand public, qui a souvent des préjugés face aux itinérants.

“ Nous ce qu’on voudrait c’est éventuellement d’aller plus loin avec ces gars-là qui ont du talent, faire des vernissages, ouvrir sur une base plus régulière, s’ouvrir au grand public peut-être. Ça permet aussi de projeter une autre image de l’itinérance. Souvent, ce qu’on voit malheureusement dans les médias, c’est la misère, la consommation, la drogue, l’alcool, des gens qui quêtent. Ça existe aussi, mais il y a des gens qui s’en sortent, il y a des gens qui s’inscrivent dans des programmes de réinsertion sociale, qui réussissent à s’en sortir et on veut illustrer ça aussi” explique Aubin Boudreau. “J’aime souvent dire aussi que quand il n’y a plus de place pour les mots, que les mots ne font plus de sens, c’est là que l’art fait son oeuvre”.

Les gars ont tous accès à l’atelier d’art et le studio de musique, mais c’est rarement à leur première visite qu’ils s’y rendent. “Souvent ils portent la honte, un sentiment de culpabilité, ils arrivent dans cet esprit-là et sont plutôt refermés sur eux-mêmes. Pour nous, s’ils reviennent une deuxième journée, c’est une réussite. Une troisième, une autre réussite. C’est souvent pas à pas qu’ils vont monter à l’étage et profiter de l’ensemble de nos services. C’est là que le lien se construit.” souligne M.Boudreau.

ACCUEIL BONNEAU | SDC Vieux Montréal.

Aubin Boudreau ©Lebon Trait d'union

“SE RECONSTRUIRE”, LA THÉMATIQUE PHARE DE 2018

“C’est une belle image la reconstruction. Tout le monde a une histoire, la plupart des gars ont eu un emploi dans leur vie, certains ont eu leur entreprise, ils ont eu des conjointes assez souvent et même des enfants, mais à un moment donné, tout a basculé. Souvent ces gens-là ont construit leur vie sur une base fragile, une enfance difficile, la plupart ont vécu soit de la maltraitance soit des abus, de la violence, plusieurs ont fait les centres jeunesse. Ils ont quand même réussi à construire leur vie mais quand, à l’âge adulte, il arrive un premier coup dur, puis un deuxième et un troisième, tout s’écroule” déplore Aubin Boudreau.

À l’image de l’Accueil Bonneau aussi, “se reconstruire” prend tout son sens pour cette 20ème année du triste anniversaire de l’explosion au gaz qui avait soufflé le centre d’aide tuant 3 personnes. La reconstruction, rendue possible en quatre mois à l’époque, avait pu être menée grâce à la générosité des Montréalais, une générosité essentielle pour l’Accueil Bonneau dont le directeur est reconnaissant mais pas si surpris : “la communauté montréalaise finance les services de l’Accueil Bonneau dans une proportion d’environ 80% et ça, ça me parle beaucoup. On dit souvent que l’Accueil Bonneau appartient aux Montréalais, ça fait partie du patrimoine social montréalais. Moi je sens que c’est important pour eux parce que c’est un filet de sécurité social pour nos proches, nos amis, les membres de notre famille ou peut-être pour nous-même, qui sait, un jour?”.

Le gouvernement finance un peu, mais très en deçà de besoins grandissant et les avantages du réseau public draine souvent les intervenants qui se rodent dans les organismes communautaires.

“N’importe qui peut venir à l’Accueil, il n’y pas de critère d’admissibilité, souligne Aubin Boudreau. Cette ouverture, cette tolérance, ce respect et cette compassion, vient de l’héritage des Soeurs grises qui ont fondé l’Accueil Bonneau”, et c’est pour cette mission que l’Accueil a besoin de la générosité des Montréalais, notamment lors de ses activités de financement comme le concert du 6 novembre.