30 oct. 2018

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Deuxième Festival Zéro Déchet de Montréal : informer et inspirer pour agir

Deuxième Festival Zéro Déchet de Montréal : informer et inspirer pour agir

“J’étais très intéressée par le zéro déchet mais au début je voyais ça comme une montagne insurmontable”, reconnaît d’emblée Mylène Paquette, porte-parole de l’événement gratuit qui se tient les 3 et 4 novembre au Marché Bonsecours, dans le Vieux-Montréal.

Elle apprécie d’ailleurs la démarche des organisateurs de vouloir démystifier, démocratiser, “avec l’idée d’agir à plus grande échelle”. Pas besoin de culpabiliser, simplement commencer à éduquer sur les petits gestes qui font la différence, changer des habitudes en montrant des impacts et surtout en proposant des solutions concrètes, le Festival se veut constructif!

Festival zéro déchet | SDC Vieux Montréal

© Festival zéro déchet

Pas besoin de stresser, il suffit d’en parler

“Quand je me suis fait approcher l’année dernière par la chef anti-gaspi Florence-Léa Siry, même si ça fait 12 ans que j’utilise mes mouchoirs réutilisables, j’étais intimidée! Elle était là pour les déchets alimentaires, moi pour ceux liés aux transports mais vraiment, quand tu vois quelqu’un de très engagé comme ça et qui applique ça dans un domaine, ça t’amène à réfléchir.” souligne celle qui déplore avoir croisé presque autant de poissons que de plastique dans sa traversée à la rame de l’Atlantique en 2013.

“Ça devient parfois très anxiogène de “consommer juste” et on se demande souvent comment ou quoi choisir”, reconnaît Mylène. C’est pour ça que cette année, comme l’an passé, il y a des panels, des ateliers, des exposants lors du festival, mais aussi un appartement! “Ça a attiré mon attention! s’exclame Mylène. C’est vraiment pour montrer aux gens que c’est un appartement tout à fait normal adapté au zéro déchet et pour ça, pas besoin d’avoir l’air d’être tombé dans les années 70 avec une bande de grano et du macramé partout. Il y a des idées et gestes pour le quotidien qu’on va pouvoir copier ou adapter, même moi j’ai vraiment hâte de voir ça!”.

Des actions de colibris qui portent leur fruit

“Un des premiers gestes à poser comme citoyen, je pense que, un peu comme les Plastic Attack par exemple, dire non, souligne Mylène Paquette. “Dire à la caissière ou un employé que non, on ne veut plus acheter comme ça, on ne veut pas de suremballage. Au début j’étais gênée de faire ça mais maintenant je le dis, donc comme citoyen vraiment, le premier geste à poser, c’est de s’exprimer, s’affirmer, on est un client, un consommateur et on veut réduire notre empreinte, les commerçants vont s’adapter.” lance Mylène avec un sourire confiant.

Car dire non une fois, plusieurs fois, de plusieurs voix pèse sur les chiffres d’affaires comme dans les urnes: “Je pense que tôt ou tard avec toutes les actions qui sont prises par les citoyens, il va y avoir assez de pression sur les élus qui devront poser comme premier geste de voter des lois, changer des réglementations demandées par les pétitions”, assure Mylène.

Les lois changent l’équation

“À Beaconsfield, - qui était la 2ème ville produisant le plus de déchet sur l’île de Montréal - les élus ont mis en place une “Stratégie de réduction des matières résiduelles”. Et ils ont eu des surprises” se réjouit Mylène Paquette! Ils ont réduit leurs quantités de 26% en quelques mois. Le principe est simple : éduquer, informer et concrètement proposer des bacs sur mesure, inciter au compostage, et appliquer le principe du pollueur-payeur. “L’incitatif financier envers les citoyens est une façon efficace pour prendre de nouvelles habitudes!” reconnaît l’environnementaliste.

Quelques années auparavant, la Suisse avait réduit la quantité de déchets ménagers incinérés de 40% entre 2011 et 2012 en adoptant la « taxe au sac », un système de taxation des sacs poubelle, au prorata des membres par famille et avec des amendes en cas de dépassement de la quantité autorisée.

Les exemples commencent à se multiplier, les résultats tangibles se font connaître et c’est une très bonne chose selon Mylène Paquette. “Je suis convaincue - et je suis très positive avec l’avenir de la planète - qu’en légiférant et en changeant nos habitudes, un jour, quelqu’un qui va prendre une paille ou un sac de plastique va se faire “regarder vraiment croche” comme c’est déjà un peu le cas avec les sacs de courses au supermarché!”.

Au festival : des infos, du matériel et des personnes inspirantes

Des panels proposés cette fin de semaine, Mylène dirige celui intitulé “Le Plastique, bon débarras!” : alors, le plastique, ennemi numéro 1 du zéro déchet?

“Des études récentes ont montré que le plastique, au contact de l’oxygène se dégrade, même si on ne le voit pas, ça émet des gaz à effet de serre (GES) donc c’est quand même apeurant de penser que mes plats de plastique dans mon armoire en émettent, mon habitacle de voiture au soleil, etc. Et puis moi c’est le plastique qui m’a le plus souvent choqué parce que j’en ai vu partout sur l’océan”, rappelle Mylène.

Ce panel multidisciplinaire se rejoint sur leur hostilité au plastique et à l’appel à la mobilisation citoyenne. “C’est ensemble qu’on se responsabilise avec tout ça” assure Mylène Paquette qui admire particulièrement les considérations autochtones selon lesquelles “la terre ne t’appartient pas et la terre dont tu es responsable, c’est celle que tu respectes. J’aime cette idée du territoire comme quelque chose duquel on prend soin avec Eva et le plogging ou Plastic Attack, Lyne et la Mission 100 tonnes, et Alexis avec Poly-Mer qui implique les citoyens dans la prise d’échantillons pour que les laboratoires puissent analyser et les gouvernement puissent légiférer”.

“Est-ce qu’à l’heure actuelle on peut choisir de se mettre au zéro déchet, de limiter ses déchets ou est-ce qu’on n’a pas le choix? Je pense qu’on n’a pas le choix. Il y aura sûrement encore des gens qui résistent mais ça ne fait aucun sens.” conclut Mylène.

Festival zéro déchet | SDC Vieux Montréal

©Festival Zéro Déchet

EN SAVOIR PLUS :

Son kit zéro déchet essentiel:

  • Des pots en verre de toutes les tailles
  • Un vieux drap pour se faire du papier de toilette lavable
  • Des mouchoirs réutilisables
  • Une tasse réutilisable!

Son panel et ses invités:

Alexis Einsenberg représente Poly-Mer qui permet grâce à une application et des outils ludiques de prélever des échantillons d’eau dans le fleuve St-Laurent. “Pour les chercheurs c’est une fantastique base de données pour dresser un portrait exact du fleuve et permettre aux citoyens informés d’aller voir le gouvernement et de faire légiférer, notamment envers les activités des entreprises. Même invisibles, des branches de polymères sont présentes dans l’eau et se retrouvent dans la chaîne alimentaire”, déplore Mylène.

Lyne Morissette, “nous sommes devenues ambassadrices du St-Laurent à la Fondation Suzuki la même année, elle m’intimidait énormément cette fille-là! Spécialiste des mammifères marin, elle a deux post doctorats, elle a travaillé partout dans le monde! Dernièrement, elle s’est investie dans un projet extraordinaire, “Mission 100 tonnes”, explique Mylène, pétillante. “Ça devait être le projet 10 tonnes de déchets ramassés et ils ont rapidement atteint d’objectif donc ils l’ont repoussé! Ce qui se passe avec les déchets récupérés? “Mylène compte bien éclaircir le point avec Lyne et pourquoi ils trient tout ça!

Eva Franc, représente 2 projets à elle seule : elle a organisé le premier plogging à Montréal, - cette pratique suédoise où les citoyens ramassent des déchets pendant qu’ils courent. Elle est aussi une des instigatrices de Plastic Attack à Montréal, un mouvement international qui dénonce leur suremballage alimentaire.”Je voulais vraiment qu’elle vienne nous parler de la guerre au plastique!” souligne Mylène.