05 juin 2019

Time 3 minutes

Série Patrimoine et entreprises, d’hier à aujourd’hui : Les entrepôts sous un autre œil

Série Patrimoine et entreprises, d’hier à aujourd’hui : Les entrepôts sous un autre œil

Loin d’être figé dans le temps, le patrimoine du Vieux-Montréal est diversifié, vivant et s’expérimente au quotidien! Découvrez des portraits de bâtiments toujours actuels, comme autant de pages d’Histoire proposées par Héritage Montréal en collaboration spéciale avec la SDC Vieux-Montréal.

Le développement des activités portuaires contribue à transformer Montréal en une métropole effervescente et prospère vers la fin du 19e siècle. Cette évolution est perceptible même dans les édifices commerciaux du Vieux-Montréal. Pour répondre à l’accélération des échanges et l’explosion du domaine de l’import-export et de la vente en gros, les bâtiments se transforment en vastes espaces d’entreposage.

Maison-magasin Elizabeth-Mittleberger-Platt

Construite en 1822-1823 par Elizabeth Mittleberger, veuve de George Platt, la maison-magasin abrite à l’origine le magasin principal de la société de chimistes et d’apothicaires Joseph Beckett & Company. L’établissement, ancêtre des pharmacies contemporaines, est la référence pour une grande variété de remèdes, d’ouvrages médicaux et d’instruments liés au domaine de la santé. S’ils ne sont pas importés de Londres, les produits sont concoctés dans un laboratoire situé à l’arrière du magasin. Les étages supérieurs sont destinés à un usage domestique, et deux des associés de la compagnie y logent. Ce type de bâtiment puise plusieurs de ses caractéristiques dans le langage architectural de la maison urbaine de la Nouvelle-France, combinant la fonction résidentielle aux étages et la vente de produits au rez-de-chaussée. Le modèle fera ensuite place à des bâtiments exclusivement dédiés au commerce ou à l’entreposage.

Entrepôts d’Youville

Écurie Youville © Héritage Montréal

Construits sur les terrains des Sœurs Grises en 1827-1828 pour Jean Bouthillier et son fils, les trois entrepôts donnant sur la place d’Youville sont le fruit du travail d’artisans maçons et d’un menuisier charpentier. Suivant la forme en U des ensembles conventuels, les entrepôts adoptent un langage issu de la tradition néo-classique avec œils-de-bœuf, frontons et pierres d’angle. La façade en pierre de taille et la grande échelle des installations sont empreintes d’un symbolisme faisant écho à la prospérité et à la modernité des méthodes de construction (pour l’époque!). Les bâtiments ont servi d’abord de hangar à potasse puis d’entrepôt à grains. En 1967, un important projet de restauration est entrepris sous la direction de l’architecte Janusz Warunklewicz. Le projet est nommé Écurie Youville – bien qu’il n’y a jamais eu d’écurie à cet endroit! Aujourd’hui, les entrepôts accueillent, entre autres, le restaurant Gibby’s et des bureaux.

Magasin-entrepôt Charles-Phillips

Construit vers 1870, cet édifice de cinq étages en pierre grise et au toit plat porte le nom de son constructeur, Charles Phillips. En 1871, Robert Wilkes, importateur de bijoux et de montres de Toronto, en devient le propriétaire. Le lieu abritera, pendant longtemps, des entreprises liées à la vente de produits de luxe, principalement des bijoux, puis des fourrures, tel que l’indique l’enseigne peinte sur la façade latérale. Le bâtiment filiforme arbore une façade élégante symétrique avec des ouvertures en arcs et des pilastres d’inspiration classique. Le restaurant végétarien LOV y accueille ses convives depuis 2017 dans un espace épuré et lumineux conçu par les designers Jean-Pierre Viau and Jacinthe Piotte.